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Mettre en place un dispositif d’épargne salariale ou un contrat de retraite supplémentaire, c’est verser une rémunération différée à ses salariés. Selon leurs choix de placements, celle-ci grossit ou se retrouve grignotée par l’inflation. Face à ce risque, quoi de plus naturel pour l’employeur que d’aider les salariés à gérer leur épargne retraite ? Il s’agit, en quelque sorte, de s’assurer que cette rémunération arrive à bon port, et en bon état, au moment où elle devient utile, c’est-à-dire à la retraite. Voici quelques conseils pour vous aider à donner plus de valeur à l’épargne retraite de vos salariés.
Fonds monétaires : la garantie de perdre du pouvoir d’achat
Depuis plusieurs années, les fonds monétaires affichent des rendements nets négatifs ou nuls. Ils représentent pourtant encore 16% des encours de l’épargne salariale. Or, avec ce type de placements, les épargnants ne sont sûrs que d’une chose : perdre du pouvoir d’achat ! Sur les 10 dernières années, l’inflation a oscillé entre 0 et 2% par an. C’est-à-dire qu’une épargne qui a stagné tout ce temps a perdu, en réalité, presque 10% de sa valeur puisqu’elle permet d’acheter, au bout du compte, environ 10% de biens en moins.
Par conséquent, les fonds monétaires ne doivent pas être considérés uniquement comme des produits d’attente, par exemple, pour les épargnants qui envisagent de partir en retraite ou acheter leur résidence principale dans moins de deux ans.
Le rendement des fonds en euros passe sous l’inflation
Les fonds en euros, auxquels on peut avoir accès via les contrats de retraite supplémentaire, subissent une baisse continue de leurs rendements depuis 10 ans. Ceux-ci sont essentiellement investis en obligations, et les faibles taux des emprunts émis ces dernières années pèsent sur leurs performances. En 2018, selon une estimation du CLCV (Association de consommateurs : Consommation, Logement, Cadre de Vie), les rendements des fonds en euros ont atteint en moyenne 1,70%, tandis que l’inflation s’est établie à 1,80%. Il y a 10 ans, leur rendement s’élevait encore à 3,64%. Ce placement, qui a conjugué sécurité et rendement pendant des dizaines d’années, commence à ressembler aux fonds monétaires. Dans une logique de placement à long terme, il convient donc de s’en détourner.
Horizon lointain et risque mesuré : le choix des actions
Lorsqu’on prépare sa retraite, il faut faire coïncider le risque avec son horizon de placement. En d’autres termes, si le départ à la retraite est prévu dans 10 ans ou plus, l’épargnant a tout intérêt à choisir des placements plus risqués, mais plus rémunérateurs, comme les actions. En effet, à court terme, ces titres peuvent avoir des mouvements brusques à la hausse comme à la baisse. Mais sur la durée, toutes ces secousses s’annulent ; ne reste que la tendance. Selon les chiffres de l’AFG au 28 février 2019, les FCPE (Fonds d’épargne salariale) investis en actions ont perdu 3% sur les douze derniers mois. Ce qui ne les a pas empêchés de progresser de 135% sur 10 ans, soit un rendement annuel proche de 9%.
La gestion pilotée au secours de l’épargne retraite des salariés
Idéalement, les salariés détenteurs d’une épargne retraite devraient miser beaucoup plus sur les actifs risqués, avant de sécuriser progressivement leur épargne à l’approche de la retraite. C’est le service qu’offre la gestion pilotée, sans que les épargnants n’aient à agir. La gestion pilotée offre ainsi une allocation d’actifs programmée à l’avance en fonction de la date de départ en retraite. Par exemple, à 15 ans de la retraite, l’épargne peut-être investie intégralement en actions, puis laisser la place progressivement aux obligations et placements monétaires, pour atteindre le 100% monétaire au jour de l’échéance.
La gestion pilotée est proposée par défaut sur les Perco. Avec la Loi Pacte, elle devrait l’être également sur l’ensemble des dispositifs d’épargne retraite. Une solution à privilégier pour tous ceux qui ne se sentent pas l’âme d’un expert en gestion de patrimoine, et qui risque de redonner de l’efficacité et de la cohérence à l’épargne retraite des salariés. Cette gestion pilotée doit toutefois être adaptée à la volonté de l’assuré d’accepter un risque plus ou moins grand en fonction de son profil.
Article écrit par
Damien Vieillard-Baron