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Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle, l’avait annoncé très clairement : à horizon de 2022, les équipements optiques seront pris en charge à 100%. Certes, mais par qui ? Cette promesse de réduire à néant le reste à charge des patients a un coût : 1,5 milliards d’euros. Et pas question de solliciter les assurés ! Restent donc trois sources de financement ou d’économies potentielles à explorer : la sécurité sociale, les organismes complémentaires santé et les fabricants ou distributeurs d’équipements optiques.
Des efforts demandés aux organismes complémentaires ?
Lorsqu’on parle de remboursements optiques, les regards se tournent immédiatement vers les complémentaires santé. Et pour cause, la sécurité sociale semble s’être détournée du sujet. Tandis que le prix moyen des lunettes avec verres unifocaux avoisine les 300 €, la prise en charge dérisoire de l’assurance maladie plafonne sous les 10 € ! Bien plus concernées, les complémentaires santé collectives en prennent en charge l’essentiel, portant souvent la couverture totale entre 75 et 90% des frais engagés.
La patate chaude pour les fabricants d’optique ?
Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française, invite à jeter un œil du côté de la fabrication et de la distribution. Plaidant pour une baisse des prix de 15% des équipements optiques, dentaires et audio, il en évalue l’économie potentielle à 2,7 milliards € par an.
Plusieurs études portant sur le prix des lunettes soutiennent cette analyse. Le marché de l’optique est libre. Le seul régulateur en est le client, souvent incapable de comparer les prix, et perdu dans une offre pléthorique et complexe. C’est, en somme, l’opticien qui maîtrise les tarifs. Proposer une prise en charge à 100%, dans ce contexte, pourrait avoir des effets inflationnistes indésirables.
Y voir plus clair dans l’optique, la solution ?
L’heure ne semble pas à une régulation stricto sensu des prix de l’optique. La solution pour aboutir à une prise en charge optimale des équipements passerait plutôt par une meilleure information des assurés et clients, une plus grande transparence sur les prix et remboursements, et à terme une concurrence plus forte. Première étape : rendre les garanties en matière d’optique compréhensibles et comparables. C’est tout le sens des trois « contrats types » évoqués pendant la campagne par le candidat Macron. Ces contrats supposeraient la définition de « paniers de soins » qui s’accompagneraient, selon toute logique, d’une adaptation de l’offre des opticiens, et probablement d’une clarification de la nomenclature de la sécurité sociale sur les verres ophtalmiques.
Finalement, cette indispensable concertation entre distributeurs et payeurs a déjà eu lieu dans le cadre des réseaux de soins, qui permettent de réduire les coûts et améliorer les remboursements. Un exemple à suivre. Les « contrats types » des complémentaires santé pourraient avoir pour effet de rendre visible et généraliser, chez les opticiens, une offre estampillée « reste à charge 0 » correspondant aux trois niveaux de garantie. Une révolution en matière de communication puisque cette présentation est, aujourd’hui, peu évocatrice et rarement utilisée.
Mais, dans les faits, rien de neuf. Actuellement, il est, en effet, possible d’acheter des lunettes, monture et verres unifocaux, pour trente euros seulement. Il s’agirait alors de s’assurer que des tarifs maîtrisés existent aussi sur les verres plus complexes avec une offre de montures suffisante. Quant aux amateurs de montures griffées, ils pourraient faire les frais de cette réorganisation de l’offre. Car si les organismes complémentaires ont pour mission de résoudre les problèmes de vue de leurs assurés, elles n’auront sans doute plus vocation à financer leurs accessoires de mode.
Article écrit par
Damien Vieillard-Baron