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Depuis le 1er novembre, des hausses de tarifs s’appliquent à toute une série de consultations particulièrement complexes, chronophages ou correspondant à des enjeux de santé publique. Une bonne nouvelle pour les patients qui voient leurs bases de remboursement revues à la hausse… à condition de choisir le bon praticien. Car tous les médecins ne pourront pas se prévaloir de ces nouveaux tarifs. Explications.
Un traitement spécial pour les enjeux de santé publique.
Un médecin ne consacre pas le même temps, ni la même énergie, à un patient enrhumé et à une consultation obligatoire du nouveau-né au 8ème jour après sa naissance. C’est sur la base de ce simple constat que de nouveaux tarifs ont été établis dans la nouvelle convention médicale de 2016, dont certains sont entrés en vigueur au 1er novembre 2017. Désormais, le premier rendez-vous contraception, la prise en charge de l’obésité d’un enfant, la sortie de maternité et les premières consultations du nouveau-né sont facturées 46 € et pris en charge à 100% par l’assurance maladie, sous réserve de respect du tarif opposable.
Majorations sur des dizaines de consultations complexes et très complexes.
Particulièrement éprouvantes, les consultations initiales d’information du patient et de mise en œuvre d’une stratégie thérapeutique pour des pathologies lourdes (cancer, les maladies neuro-dégénératives, le VIH, etc.), bénéficient d’une majoration de 30 €. Des dizaines d’autres cas, concernant presque exclusivement des spécialistes, enregistrent également des augmentations tarifaires de 16 € à 30 €. Cependant, toutes ces majorations ne sont applicables que par les médecins conventionnés et ceux qui ont adhéré à l’Optam ou l’Optam-co.
Distorsions de remboursement en faveur des adhérents à l’Optam.
Qu’en est-t-il des médecins réfractaires à l’option de pratique tarifaire maîtrisée (Optam) ? Leurs bases de remboursement ne bougent pas. Ainsi, sur une même consultation complexe, auprès d’un spécialiste, les bases de remboursement de la sécurité sociale restent coincées à 23 € pour le médecin de secteur 2, tandis qu’elles grimpent à 46 € (30 € + majoration de 16 €) pour les médecins de secteur 1 ou ayant choisi d’adhérer à l’Optam. À la clef, pour une même consultation, au même tarif, par exemple, de 60 €, le patient, couvert par une complémentaire responsable, assumera un reste à charge variant de 1 € à plusieurs dizaines d’euros selon le médecin qu’il a choisi.
Quel impact sur les adhésions à l’Optam ?
L’augmentation des tarifs, saluée comme une mesure de bon sens, a donc pour effet collatéral d’accentuer la pression sur les spécialistes non-Optam. En effet, si les assurés demeurent mal informés de leurs conditions aléatoires de remboursement, ils seront de plus en plus nombreux à demander des explications, sans doute à leur mutuelle, à chaque « incident » qui viendra gonfler leur reste à charge. Pour l’heure, les spécialistes ne semblent pas se ruer sur l’Optam, tandis que la Cour des comptes, dans un rapport paru en septembre, a estimé que pour parvenir à éviter un euro de dépassement d’honoraire, la collectivité en avait dépensé 10 ! La bataille administrative pour la maîtrise des dépenses et contre les dépassements d’honoraires n’est pas encore gagnée…
Article écrit par
Margaux Vieillard-Baron