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Valérie Batigne, présidente de Sapiendo-retraite, partenaire de Gerep en matière de bilans retraite, fait le point sur la fusion Agirc Arrco qui interviendra le 1er janvier 2019. Tandis que certaines mesures sont largement commentées, d’autres plus discrètes méritent un coup d’œil attentif.
Alors qu’on entend ici ou là des craintes, pouvez-vous nous dire si les salariés vont être perdants dans la conversion des points Agirc et Arrco ?
Valérie Batigne – La réponse est clairement non ! La formule de conversion des anciens points Arrco et Agirc en nouveaux points Arrco Agirc sera parfaitement neutre. C’est-à-dire que la valeur en euros du stock des droits acquis ne changera pas avec la conversion. Si un salarié a acquis 1000 points Agirc avant la fusion, il disposera de 347,80 nouveaux points Agirc Arrco après la fusion. La rente générée par son stock de nouveaux points sera exactement la même, à savoir 435,20 euros par an. Devant la complexité du taux de conversion à 8 chiffres après la virgule, certains esprits soupçonneux avaient exprimé des doutes sur ce point. À tort…
En revanche, vous pointez du doigt une hausse des cotisations qui est assez peu commentée dans la presse économique…
VB – En effet, et c’est la tranche 2 qui va être particulièrement touchée. Cette hausse se fait en trois endroits. Premièrement, le taux Agirc Arrco sur la tranche 2 va être porté de 16,44 % à 17 %. Au moins, c’est une augmentation qui rapporte des points, car pour le reste ce n’est pas le cas. Ainsi, le taux d’appel va augmenter de 125 à 127 %. C’est-à-dire que pour acquérir des droits équivalent à 100, il faudra désormais cotiser 127. Enfin, l’AGFF, qui change de nom pour devenir la CEG, (Contribution d’équilibre général) va subir une augmentation de 0,50 % passant de 2,20 % à 2,70 %. Au total, c’est une augmentation de 1,54 % qui va frapper la tranche 2. Sur la tranche 1, la hausse a plus de chances de passer inaperçue puisqu’elle s’élèvera à 0,27 %.
Que pensez-vous du dispositif de bonus malus qui va être mis en place à compter du 1er janvier ?
VB – Ce système, annoncé dès 2015, est fait pour inciter à décaler d’un an son âge de départ en retraite. Rappelons qu’il ne concernera que les salariés nés après 1957, et qui ont cumulé assez de trimestres pour partir à « taux plein » si l’on peut encore l’appeler ainsi puisque, justement, le fait de faire valoir ses droits au moment du taux plein déclenchera l’application d’une décote de 10 % pendant 3 ans sur la part de pension complémentaire. En quelque sorte, cette réforme rajoute un deuxième âge de départ à taux plein ! Dans un contexte où l’on parle beaucoup de simplification, c’est une réforme qui va plutôt dans le sens de la complexité. De plus, je conseille vivement aux personnes qui partiront en retraite avec une décote de bien s’assurer, trois ans plus tard, que leur malus sera supprimé. Cette réforme introduit une difficulté supplémentaire pour les systèmes informatiques, et il faudra que chacun ait conscience du risque de bug !
Valérie Batigne, présidente de Sapiendo-retraite
Article écrit par
Margaux Vieillard-Baron