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Depuis 25 ans, les réformes du système des retraites se succèdent dans le but de résorber ses déficits présent et à venir. Face à une évolution démographique implacable, qui accroît toujours plus le déséquilibre entre retraités et cotisants, les pouvoirs publics se sont efforcés de jongler avec les trois leviers disponibles : le niveau des cotisations, le niveau des pensions et l’âge du départ en retraite. Ce dernier paramètre n’est pas le plus simple à ajuster : reculer l’âge de la retraite est, pour le moins, impopulaire. C’est peut-être pour éviter d’attaquer le problème de front que des mesures progressives, ou incitatives ont été mises en œuvre, rendant la notion d’âge de départ en retraite totalement aléatoire, voire illisible. Explications.
Un âge légal à géométrie variable
Lors de la réforme de 2010, portée par Eric Woerth, l’âge de départ en retraite a été progressivement relevé à 62 ans. Il s’agit de l’âge minimum à partir duquel les salariés peuvent se retirer de la vie active. À 67 ans, quel que soit le parcours professionnel du salarié, sa retraite à taux plein est acquise.
Entre ces deux bornes se pose la question cruciale de la durée de cotisation. Celle-ci a été modifiée en 2013 par la réforme Ayrault. Actuellement, pour toucher une retraite à taux plein, 166 trimestres de cotisations sont nécessaires pour les salariés nés en 1955. Un nombre qui grimpe graduellement jusqu’à 172 trimestres, soit 43 ans, pour les générations nées à partir 1973. En tenant compte d’un âge moyen d’entrée dans la vie active de 22 ans et 7 mois, on se dirigerait donc vers un âge de départ en retraite supérieur à 65 ans… sauf que chacun garde la possibilité de devancer l’appel, en consentant à une décote de sa rente viagère de 1,25% par trimestre non cotisé. Par exemple, partir deux ans avant la date de retraite à taux plein revient à renoncer à 10% de sa pension.
Une couche de complexité en plus avec le régime complémentaire
Pour les tranches A et B des régimes complémentaires Arrco et Agirc, la logique est la même. Un coefficient de minoration s’applique en fonction du nombre de trimestres non cotisés. Le salarié perd 4% de sa rente s’il lui manque 4 trimestres, et 8% s’il devance l’appel de deux ans.
Pour ne rien arranger, les partenaires sociaux se sont accordés en 2015 sur un système de bonus / malus destiné à inciter les salariés à travailler plus longtemps. À compter de 2019, un salarié âgé de 64 ans, qui viendrait juste de remplir les conditions pour un départ à la retraite à taux plein, verrait sa rente complémentaire amputée de 10% pendant trois ans, tandis qu’il bénéficierait d’une majoration pendant un an s’il décidait d’attendre 66 ans pour quitter son poste. En revanche, un départ anticipé à 63 ans le mettrait à l’abri du malus provisoire, mais lui vaudrait une décote de sa rentre viagère, sur les régimes général et complémentaire.
Peut-on se passer d’un bilan retraite ?
Face à un tel niveau de complexité, anticiper, seul, le montant de ses revenus à la retraite devient une prouesse. Le bilan retraite, réalisé par un expert, permet d’y voir plus clair. Malheureusement, ce type de prestations concerne, en majorité, les cinquantenaires avancés, qui doivent se contenter de choix tactiques. C’est, en effet, bien plus tôt, vers les 40 ans, que des décisions stratégiques permettraient de mieux préparer ses vieux jours, en connaissance de cause, avec des leviers efficaces : immobilier, épargne, retraite supplémentaire…
Article écrit par
Margaux Vieillard-Baron