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Lorsqu’il s’agit de négocier et mettre en œuvre des accords d’intéressement, un Perco, ou un plan d’épargne entreprise, les salariés sont abreuvés d’informations et d’explications sur l’épargne salariale. Puis plus rien pendant des années. Pourtant, de la qualité des placements réalisés dépend une bonne partie de leur gain. L’employeur doit-il se muer en conseiller en gestion de patrimoine du salarié ? Certainement pas. Rien ne le dispense, toutefois, d’alerter les salariés contre certaines erreurs dommageables et de les accompagner dans la bonne gestion de leur épargne. Voici quelques informations et conseils pratiques à délivrer sans risque et sans modération aux salariés épargnants.
Les fonds monétaires occupent trop de place dans les portefeuilles
Plus d’un tiers des actifs des FCPE multi-entreprises sont investis sur des OPCVM monétaires. Or selon «l’Argus des FCPE », édité par Eres, 95% des fonds monétaires ont une performance nulle ou négative sur les huit premiers mois de l’année 2016. L’évolution des taux d’intérêts à court terme, proches de 0, voire négatifs, a pénalisé cette classe d’actifs réputée la plus sure. Or, aujourd’hui, en investissant son épargne sur des fonds monétaires, une seule chose est sûre : on perd de l’argent ! C’est désormais une évidence. Pourtant, en réalité, avec des rendements positifs mais inférieurs à l’inflation, la plupart des fonds monétaires aboutissaient déjà au même résultat il y a quelques années, c’est-à-dire à l’érosion du pouvoir d’achat de son épargne.
C’est l’horizon de placement qui doit dicter le choix des supports
À moins de prévoir un déblocage de son épargne salariale à une échéance d’un an ou deux maximum, il est urgent de fuir les FCPE strictement monétaires. L’aversion au risque est bien compréhensible pour des salariés dont l’épargne est précieuse. Mais avec un horizon de placement de 5 ou 10 ans et plus, il est préférable de miser sur les supports en actions, ou pour les plus prudents, sur des FCPE diversifiés. En effet, le risque inhérent aux actions est lié aux soubresauts qui secouent les bourses mondiales régulièrement. Dans dix ans, après deux nouvelles crises financières, deux reprises et trois phases de stagnation, les performances des supports en actions seront, au final, bien meilleures que celles des fonds monétaires ou obligataires. La solution idéale consiste à sécuriser progressivement ses actifs au fur et à mesure que l’échéance du placement approche. La gestion pilotée permet de déléguer cette mission à la société de gestion. Elle est devenue, sous l’effet de la Loi Macron, le système proposé, par défaut, aux salariés dans le cadre du Perco à forfait social réduit.
Valorisez les fonds à impact positif : solidaires et ISR
Si les salariés demeurent hermétiques à la logique de risque dégressif, pourquoi ne pas leur parler des FCPE solidaires et de l’Investissement socialement responsable (ISR) ? Les fonds solidaires permettent de financer, à la marge, des projets issus de l’économie sociale et solidaire. L’ISR introduit des notions de responsabilité sociale parmi les critères de sélection des valeurs en portefeuille. Ces FCPE composés uniquement ou majoritairement d’actions, répondent aux besoins d’investissement à long terme des salariés, et peuvent, par la spécificité de leur mode de gestion, attirer la sympathie des plus réfractaires aux placements boursiers. Leur succès est déjà flagrant : ils pèsent 40% du total gérés par les FCPE multi-entreprises. Au final, ils permettent à l’employeur de valoriser son offre d’épargne salariale, et même sa politique RSE, en proposant à ses salariés d’investir dans des produits financiers qui se soucient de solidarité, d’impact social et de respect de l’environnement. Des thèmes riches et positifs pour une communication interne efficace.
Article écrit par
Amadou Kasse