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Le décret n°2025-16 du 20 février 2025, publié au Journal Officiel le 21 février , modifie les conditions d'indemnisation depuis le 1er avril 2025. Ces nouvelles règles entraîneront des conséquences directes pour les entreprises et les salariés, notamment sur les régimes de prévoyance complémentaire.
Nouvelle indemnisation par la Sécurité Sociale
Actuellement, en cas d’arrêt maladie, un salarié est pris en charge par la Sécurité Sociale à hauteur de 50 % de son salaire brut, dans la limite de 1,8 fois le Smic (soit 3 242,31 €). Depuis le 1er avril, ce plafond d’indeminisation sera réduit à 1,4 fois le Smic (soit 2 522,57 €).
Le délai de carence reste fixé à 3 jours pour les salariés du secteur privé. La baisse du plafond de rémunération a donc un impact sur l’indemnité journalière maximale.
Nous nous sommes intéressés à l’impact de cette baisse de prise en charge par la Sécurité Sociale sur les régimes de prévoyance complémentaire.
En effet, ces contrats, qui sont destinés à compenser la perte de revenu liée à un arrêt de travail, devront combler un écart plus important pour compléter la prise en charge de la Sécurité Sociale. De plus, dans le cadre des prochains renouvellements, nous pouvons anticiper t une augmentation des primes, de la part des assureurs, pour compenser ces effets inflationnistes. Ces augmentations concerneront pour les contrats prévoyance dont l’expression de garantie vise à compléter la prise en charge de la Sécurité Sociale.
Exemple : indemnité journalière complémentaire = 80% du salaire de référence sous-déduction des indemnités journalières de Sécurité Sociale.
Pourcentage du surcoût comparé au salaire brut mensuel
Il est clair que ce sont les entreprises dont le salaire moyen se situe « autour » de l’ancien seuil (entre 3 000 € et 3 800€), qui seront les plus impactées.
Les salariés subiront une baisse plus importante de leur indemnisation de base, ce qui accentuera la pression sur les dispositifs complémentaires.
Qu'est-ce qu'une prime de prévoyance ?
La prime de prévoyance est un coût payé par l'entreprise à son assureur pour couvrir les risques liés à la santé de ses employés qui affecteraient leur capacité de travail (incapacité de travail, invalidité, décès).
Elle permet de compléter les indemnités versées par la Sécurité Sociale en cas d'arrêt maladie, mais aussi d’assurer une couverture en cas d’accident de travail ou d’incapacité permanente.
L’impact des nouvelles règles sur les coûts pour les entreprises
Actuellement, la Sécurité Sociale indemnise à hauteur de 50 % du salaire brut, dans la limite d’un plafond (1,8 fois le Smic). Mais depuis le 1er avril 2025, ce plafond est réduit à 1,4 fois le Smic. Cela signifie que la prise en charge par la Sécurité Sociale est moins élevée.
Les régimes de prévoyance complémentaire vont donc combler cet écart, ce qui entraîne une hausse des primes pour les entreprises.
Exemple type d’impact sur une entreprise :
Illustrons l'impact d'une réduction de l’indemnisation par la Sécurité Sociale et son effet sur la prime de prévoyance.
Hypothèses :
- Garantie : 80 % (l'assurance prévoit de verser 80 % du salaire de l’employé, au-delà des indemnités journalières de la Sécurité Sociale)
- Salaire brut mensuel moyen du salarié : 3 250 €
- Prime de prévoyance actuelle : 120 €/mois (C’est le montant que l’entreprise paie pour l’assurance prévoyance chaque mois pour un salarié donné, et cette prime couvre plusieurs risques)
Dans cet exemple, 30 € du montant de la prime de prévoyance (120 €) sont spécifiquement destinés à couvrir le risque d'arrêt de travail. Cela signifie que 25 % de la prime totale est consacrée à cette couverture.
Calcul de l'impact des changements
Selon le graphique ci-dessus, pour une garantie à 80%, la réduction du plafond d'indemnisation par la Sécurité Sociale (à 1,4 fois le Smic) entraîne une augmentation de 36,8 % des coûts liés à l’indemnisation des arrêts de travail. Autrement dit, l'entreprise devra faire face à un surcoût de cette part spécifique de la couverture.
Donc :
- Part de l'arrêt de travail dans la prime : 30 €
- Surcoût lié à la réduction de l'indemnisation : 36,8 %
Le surcoût mensuel sera donc de :
Surcoût = 36,8% × 30 € =11,04 €
Cela signifie que l'entreprise devra ajouter environ 11,04 € à la part de l'arrêt de travail de la prime de prévoyance, portant ainsi le coût de cette couverture à 41,04 € par mois pour ce salarié au lieu de 30€ initialement.
Cette augmentation représente un surcoût de 9,2 % pour l'ensemble de la prime de prévoyance (car 30 € représente 25 % de la prime totale de 120 €).
Surcoût lié à la réduction de l'indemnisation sur le taux de garantie
Pourquoi l’impact est plus important pour certains contrats ?
Le surcoût peut être plus important si la couverture de l'arrêt de travail dans le contrat est faible. Par exemple, si une entreprise choisit une couverture à 70 % du salaire plutôt que 80 %, cela signifie qu’en cas d’arrêt de travail, l'indemnisation de base est inférieure, et l’écart à combler par la prévoyance sera plus important.
Dans ce cas, l'augmentation des primes pourrait être plus marquée, car l'assureur devra couvrir une plus grande partie de la perte de revenu du salarié, ce qui génère une hausse de la prime. En résumé, plus la couverture pour l’arrêt de travail est faible, plus l'impact financier pour l'entreprise sera élevé.

Article écrit par
Matthias Lespinasse